On m'a dit plusieurs fois, quand ça n'allait pas, "tu devrais en parler à quelqu'un, si ça ne va pas, tu peux me parler", mais j'ai fini par être lasse et déçue par les autres. Le psy que j'avais été voir m'avait dit ça aussi au téléphone, que j'avais besoin de parler, et puis certaines personnes avec qui je travaille "je ne suis pas psy, mais tu peux me parler", "si tu sens que tu vas faire une bêtise, appelle-moi, à n'importe quelle heure", mais ce n'est pas possible. Ce n'est pas une question de fierté, j'ai juste appris à me méfier de ce genre de choses, à me méfier des autres, et j'ai appris qu'il ne fallait pas leur faire confiance et qu'il valait mieux garder les choses pour soi si on ne voulait pas être blessée de nouveau.

http://psychoseum.cowblog.fr/images/blog.jpgDepuis que je suis gamine, j'ai arrêté de parler aux autres, c'est devenu assez difficile. Quand j'avais 8ans, j'étais une gamine normale, enfin j'ai toujours pensé que quand j'étais enfant j'étais normale, bien que l'on m'ait mise de côté très rapidement. Je jouais au même jeu que les autres, je partageais mes jouets, je m'habillais comme les autres, je n'étais pas différente. J'aimais interagir avec tout le monde, avec les garçons, avec les filles, j'aimais parler, j'avais pas de problème à prendre le téléphone, tout allait bien. Quand j'arrivais à l'école le matin, je discutais toujours avec les personnes que je pensais être mes amies, je leur racontais ce que j'avais fait la veille au soir, mes histoires avec mon chien, avec mon frère.. Et puis un jour, une de mes amies m'a dit : "G. j'en ai marre que tu parles. A partir de maintenant, quand tu viendras le matin, tu diras plus rien. Tu ne racontes pu tes histoires, tu ne fais que nous écouter." Je ne pense pas que je les empêchais de parler... j'avais juste plus de choses à dire que les autres. Du coup tous les matins c'était plus silencieux, mais mes amies essayaient de se trouver des trucs à dire, pour combler le vide. Elles se sont mises aussi à se moquer de moi "De toute façon on connaît toute la vie de G. Elle parle tout le temps". Alors je me suis dit que je ne devrais vraiment plus parler, juste écouter les autres.

Je suis donc devenue quelqu'un à l'aspect très timide, qui n'engage pas la conversation, qui ne parle pas trop. Je me suis mise à l'écart. J'ai beaucoup déménagé à cause de mon père militaire. Ces filles qui m'avaient dit de ne plus parler, je ne les ai plus jamais revues, et alors qu'elles avaient prétendu être mes amies, aucune d'elles ne m'a jamais écrit après mon départ, alors que je les avais cotoyées pendant 4ans. 

Le temps est passé, et j'ai atteint l'adolescence. Une période désagréable où j'ai continué d'être rejetée par les autres, insultée tous les jours au collège, moquée.. Arrivée au lycée j'ai rencontré deux personnes avec qui  je m'entendais bien. Je discutais tout le temps avec eux. Je suis sortie avec une des deux, et l'autre est devenue mon confident. Je lui ai raconté tout ce qui n'allait pas, je me suis complètement ouverte à lui. Et comme toutes les personnes qui sont arrivées après, il avait toujours le même conseil "tu dois changer". Et puis il a fini par en avoir marre que je n'aille pas bien, et est devenu.. peut-être pas méchant, mais disons plutôt qu'il a profité de ma faiblesse. On a fait des choses ensemble que je regrette. Et parce que j'étais devenue "soulante", c'était comme si je méritais qu'on ne me respecte plus, qu'on devienne odieux avec moi. Cette personne a fini par laisser tomber, en devenant désagréable avec moi. En rencontrant ma meilleure amie j'ai fini par me relever. Je suis allée à la fac, j'ai arrêté de lui parler, et jme suis sentie mieux. Il a tenté de revenir dans ma vie, ça s'est mal passé, je l'ai rejeté de nouveau. Et puis maintenant à chaque fois qu'il a tenté d'entrer en contact avec moi, j'ai tout fait pour le rejeter le plus méchamment possible parce que ça ne m'apportait que des mauvaises choses.

Bref, le fait est que quand on me dit "tu devrais parler de ce qui ne va pas à quelqu'un", ce n'est pas possible. Parce que quand je parle à des gens, et que je commence à raconter ma vie, j'ai le sentiment de les ennuyer. Sur le coup ça va, et puis jme dis "nan attends, ils vont t'en vouloir d'avoir trop parlé, ils te le reprocherons après", alors du coup j'essaie après de moins en dire sur moi, parce que ça me met mal à l'aise de parler de moi. Et si je trouve quelqu'un avec qui ça va et que je commence à lui parler de mes soucis, je me sens mal aussi parce que j'ai peur que cette personne finisse par ne plus supporter que j'aille mal et que je n'arrive pas à remonter la pente. Et que cette personne finisse par me dire "mais merde, va crever, tu me fais chier". C'est un peu ce que je ressens envers mon copain. Parce que je lui parle beaucoup de mes soucis, et que je sens que ça le blesse, ça le fatigue, qu'il en peut plus. Après tout c'est lui qui la dit, que c'était "difficile de vivre avec moi (quand je vais mal)", "qu'il était fatigué (que j'aille mal tous les week-end et que je "crée" des soucis)". Du coup parfois je me dis "c'est vrai, ça me ferait du bien de parler à quelqu'un mais à qui ?" Ma meilleure amie ? La dernière fois que je lui ai écrit un mail pour lui parler de mes tracas, mon copain est tombé dessus et m'a fait tout une histoire parce que "je le faisais soit-disant passé pour un connard", alors je n'ose plus parler à ma meilleure amie. A mon copain ? Après tout il veut que je ne parle qu'à lui.. ou à un psy. Mais au final, ça le fatigue, quand je commence à lui dire ce qui me tracasse, si je commence à parler de comment je me sens quand ça va pas, je sens qu'il ne le supporte plus. Alors non, je n'ai plus vraiment personne à qui parler, personne en qui j'ai confiance. Donc ce blog va vraiment devenir le seul endroit où je vais exprimer ce que je ressens.